Se mettre en danger…
Créer
en contexte de résidence artistique c’est aussi l’occasion d’être à l’affut de
ce qui se présente à nous. S’imprégner du lieu, flâner, respirer l’air, écouter
les bruits ambiants, toucher le sol, grimper des montagnes, plonger dans l’eau…
Vivre l’espace et tenter d’isoler des instants en faisant du repérage
photographique, en essayant de trouver les particularités, en identifiant ce
qui rend cet endroit unique. Prendre des centaines de photos, chercher les
formes, les textures, les couleurs récurrentes. Faire des expérimentations matérielles,
travailler par essais-erreur et surtout ne pas se censurer, oser se tromper, se
mettre « en danger »…
Malheureusement,
parfois, le danger peut s’avérer réel. Depuis mon arrivée à Ålvik, je suis
tombée sous le charme de matières trouvées au bord de la mer. De magnifiques
cailloux métalliques et d’autres qui ressemblent à du charbon. Parallèlement à
mes tests de sculpture et de transformation de ces découvertes, j’ai fait des
recherches sur les matériaux utilisés par l’usine Elkem, à côté du lieu de
résidence. Il s’agit d’une entreprise qui fabrique des alliages de
ferrosilicium. Les fabuleuses roches s’avèrent donc être des résidus de cette
usine de produits de fonderie. D’après ce que j’ai trouvé, il semble que ces
éléments peuvent être nocifs pour la santé. Selon la compagnie, il n’y a pas de
risques lorsqu’utilisé normalement et probablement dans un contexte
contrôlé, mais bon, c’est loin d’être mon cas… Heureusement, je n’avais pas
pris de chance et j’ai fait mes tests à l’extérieur, notamment parce que je
savais que ça pouvait contenir du magnésium et que c’est très inflammable…
Alors, aujourd’hui, c’est nettoyage de l’atelier et lavage de linge, afin d’enlever
les « roches » et les poudres présentant, potentiellement, un danger pour ma
santé…
Néanmoins,
cette expérience m’a permis d’approfondir davantage mes réflexions à propos des
traces que laisse l’humain sur son territoire, un sujet qui m’anime et sur
lequel je travaille depuis quelques années à Lévis. Pour les intéressés, voir
mon exposition « Le fleuve porteur d’histoire », en cours jusqu’au 21 juillet, à
La maison natale de Louis Fréchette…
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